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Se faire violence

Des anthropologues en terrain difficile...

Même parfaitement bordée méthodologiquement, une enquête socio-anthropologique de terrain est exposée, par nature, à tous les imprévus. Comment un chercheur aborde-t-il et affronte-t-il, le cas échéant, une situation de violence lorsque celle-ci prend des proportions telles que la notion même de distanciation épistémologique vis-à-vis de l'objet de recherche s’en trouve bousculée, et les protocoles d’enquête pour temps calme dépassés ? Publié sous la direction de l'anthropologue Annie Benveniste, "Se faire violence : analyses des coulisses de la recherche" (Ed. Téraèdre, 2013) pose la question toujours délicate de l'observation participante et des contours de l'immersion en sciences sociales.

Dans ces récits couvrant la période 1999-2010, où semble régner au départ un substrat de violence symbolique ou potentielle lié aux terrains eux-mêmes (une cité hlm bordelaise sous tension, une immersion dans les milieux néofascistes italiens, une vague d’actes xénophobes en Afrique du sud contre des Africains d’autres nationalités), ce qui nous importe est moins le résultat du travail mené -le sous-titre est parlant à cet égard- que l’expérience de la violence inattendue, la manière protéiforme dont  elle surgit au cœur d’une enquête et les différentes ressources mobilisées par le chercheur pour y faire face avec le moins de dégâts possible. Au risque ou non de la rigueur de la démarche scientifique.

Ce livre, accessible à des non spécialistes, est disponible à la BU du campus de Schœlcher. Des extraits sont consultables sur le site de l'éditeur.

Bonne lecture !

A lire sur le sujet

  • Google Scholar (travaux de recherche en accès libre)

Ardagna, J., Blanco, D., Gauglin, M., Maurize, C., Pawloff, S., Besteiro, B. P., ... & Vives, L. (2017, November). Être engagé. e. L'expérience subjective comme condition commune. Retour sur un Atelier d'Analyses des Pratiques de Recherche de Terrain au service des doctorant. es.

Au cours de nos travaux de recherche, les phases d’enquête de terrain, en particulier certaines situations délicates, difficiles, imprévues, voire inconfortables, mobilisent la personne du chercheur/de la chercheure jusque dans ses éprouvés, confrontant ce.tte dernier.ère à des émotions diverses et à des doutes déstabilisants.

Yves Delaporte. D'un terrain l'autre. Réflexions sur l'observation participanteFerveurs contemporaines. Textes d'anthropologie urbaine offerts à Jacques Gutwirth, réunis par Colette Pétonnet et Yves Delaporte, L'Harmattan (Connaissance des hommes), pp.321-340, 

Observation participante : si le syntagme n'est pas dépourvu d'une certaine lourdeur, la chose, c'est sûr, est prestigieuse. Elle sous-entend la supériorité de celui qui l'a pratiquée sur l'ethnographe trop pressé ou pusil-lanime, ou sur le sociologue qui ne sait procéder que par questionnaires, au mieux par entretiens. Qu'elle soit régulièrement évoquée dans les manuels ou dans l'introduction de multiples monographies n'empêche pas que son contenu soit assez rarement précisé, si bien que la référence a un je ne sais quoi de rituel, peut-être même d'un peu désuet. Cela explique sans doute que ceux qui l'ont le mieux pratiquée ne sont pas toujours ceux qui éprou-vent le besoin d'en parler le plus ...

  • OpenEdition (articles et chapitres d'ouvrages en SHS, accès libre)

Olivier de Sarda, Jean-Pierre. L'enquête de terrain socio-anthropologique in "Corpus, sources et archives",  Institut de recherches sur le Maghreb contemporain, 2001, version éléc. 2014.

Dans l'observation participante, on peut se demander quelle est la part de la participation et qu'est-ce que l'on entend par la « participation » du chercheur ? J'aurais sur cette question, comme sur certaines autres, un point de vue un peu médian, c'est à dire « entre deux », la recherche d'une juste mesure entre deux extrêmes et deux dangers.

  • Cairn -revues en SHS (abonnés UA)

Philip, C. & De Battista, P. (2012). Mise en œuvre de la méthodologie de l'observation participante dans le cadre d'un mémoire de M2. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation, 59(3), 207-221.

Depuis que j’accompagne la réalisation des mémoires des DDEEAS, dont certains aujourd’hui préparent des mémoires de master dans le cadre de notre Institut, j’ai toujours été frappée de l’absence de recours à cette méthodologie de l’observation, quelle que soit la manière dont elle est désignée : observation directe, observation participante ou observation en situation...