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Décès d’Albert Memmi

L’écrivain d’origine juive tunisienne est mort le 22 mai à Paris.
Albert Memmi

Albert Memmi est né le 15 décembre 1920 à Tunis dans une modeste famille juive d’origine italienne par son père et berbère par sa mère. Il suit d’abord ses études dans une école de l’Alliance israélite universelle puis grâce à une bourse au lycée Carnot de Tunis. Reçu brillamment au baccalauréat, il commence en 1939 des études de philosophie à l’Université d’Alger tout en étant surveillant au lycée Carnot. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il connaît même l’expérience des camps de travail pendant l’occupation allemande de la Tunisie. Après guerre, il reprend ses études à Alger, puis à la Sorbonne. Puis il retourne à Tunis pour enseigner la philosophie au lycée Carnot.

Il publie alors son premier ouvrage littéraire en 1953, La Statue de sel, préfacé par Albert Camus dans lequel son personnage principal souffre comme lui d’avoir plusieurs identités. En parallèle, il est aussi un soutien au mouvement de libération guidé par Habib Bourguiba. Mais après l’accès de la Tunisie à l’indépendance en 1956, il ne trouve pas sa place dans le nouvel état musulman et part à Paris où il devient professeur de psychiatrie sociale à l’École Pratique des Hautes Études et attaché de recherches au CNRS.

En mai 1957, il publie son ouvrage le plus célèbre, Portrait du colonisé, précédé du Portrait du colonisateur, avec une préface de Jean-Paul Sartre. Il déclare : « J’ai entrepris cet inventaire de la condition du Colonisé d’abord pour me comprendre moi-même et identifier ma place au milieu des autres hommes… Ce que j’avais décrit était le lot d’une multitude d’hommes à travers le monde. Je découvrais du même coup, en somme, que tous les colonisés se ressemblaient ; je devais constater par la suite que tous les opprimés se ressemblaient en quelque mesure. » Et Sartre d’écrire : « Cet ouvrage sobre et clair se range parmi les « géométries passionnées » : son objectivité calme, c’est de la souffrance et de la colère dépassée. »

Il continue ensuite à explorer les aspects de la situation coloniale et post-coloniale, mais aussi l’identité juive et arabo-musulmane, cependant son vrai pays, ce sont les Lettres : grand lecteur, passionné de philosophie, il devient « nomade immobile » (titre d’un de ses livres) et, entre deux cours ou séminaires, passe son temps à écrire. Il publie ainsi une importante étude sur La poésie algérienne de 1830 à nos jours (1963). Il participe aussi, à Tunis, au lancement d’Afrique-Action, ancêtre de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Il s’exerça, dans les colonnes du Monde, puis du Figaro, à l’art du billet.

Ses ouvrages les plus importants sont disponibles dans les Bibliothèques universitaires des Antilles et des articles de lui sont disponibles sur la plate-forme Cairn