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Les migrations et la Caraïbe

Rencontre-débat à la BU du campus de Schoelcher mardi 10 décembre

Depuis quelques années, souvent sur le registre de la passion irraisonnée, le débat agite les sociétés européennes dans toutes leurs dimensions, mais qu'en est-il de la question migratoire dans l'ensemble géographique auquel nous appartenons ? Quels sont ses ressorts historiques, ses dynamiques contemporaines, les enjeux qu'elle recouvre, les acteurs qu'elle mobilise ? Mardi 10 décembre à 18h45, la BU du campus de Schoelcher vous invite à une rencontre-débat intitulée « Les migrations et la Caraïbe : [dés]ancrages, mouvements et contraintes ». Les échanges s'appuieront sur les contributions parues dans la dernière livraison de la revue Recherches haïtiano-antillaises, publiée chez L’Harmattan (juillet 2019). Coordinateur du dossier, Dimitri Béchacq explique que "ce numéro, consacré à la question migratoire dans, vers et à partir de la Caraïbe propose un état des lieux des recherches actuelles francophones sur ce phénomène complexe en rassemblant des travaux de chercheurs issus de différentes disciplines s'intéressant aux dynamiques migratoires. Il ressort des contributions rassemblées ici un dénominateur commun : les liens, plus ou moins étroits selon les contextes et les histoires locales, entre ces dynamiques migratoires et l'héritage colonial français qui tissent aujourd'hui cet espace francophone de l'Amérique, du Québec jusqu'à la Guyane, en passant par Haïti et les Antilles françaises."...

Les anthropologues Dimitri Béchaq (LC2S/CNRS) et Isabelle Dubost (LC2S/ UA), le géographe Cédric Audebert (LC2S/CNRS) et Carlo Handy Charles, doctorant en sociologie et en géographie (Mc Master University, Canada / LC2S), reviendront sur les différentes contributions de la revue avant de se prêter à un échange avec le public.

Pour accompagner votre réflexion sur le sujet, la BU vous propose ci-dessous quelques pistes documentaires.

 

Entrée libre et gratuite, venez nombreux !

 

  • Cairn - revues en SHS (abonnés UA)

Benoît, Catherine. « Les frontières à sens unique de la Caraïbe », Plein droit, vol. 87, no. 4, 2010, pp. 28-31.

L’histoire de la Caraïbe est aussi une histoire de migrations au sein de l’archipel. Au moment de la Révolution française, de nombreuses familles de colons martiniquais migrent vers Trinidad. Pendant la Révolution haïtienne, des milliers de colons européens fuient vers Cuba, la Nouvelle-Orléans, ou tentent de recréer des plantations à Trinidad et à la Jamaïque. Toute la période qui suit les abolitions de l’esclavage est caractérisée par d’intenses mouvements migratoires vers l’Amérique centrale pour la construction du canal de Panama, puis à partir des années trente, vers les plantations de canne de la République dominicaine ou de Cuba, et les raffineries de pétrole des Antilles néerlandaises, de Trinidad et Tobago et du Venezuela.

 

  • Open Edition - Revues scientifiques (accès libre)

Harry P. Mephon, « Les effets symboliques des migrations dans le football de la Caraïbe », Hommes & migrations [En ligne], 1285 | 2010

En situant notre point de vue depuis la Caraïbe, il s’agit de présenter les migrations des populations comme une condition déterminante dans la diffusion du football dans la Caraïbe francophone, en Haïti – nation déjà présente en Coupe du monde en 1934 –, en comparaison avec ce qui débute en Guadeloupe à la même époque.

Cédric Audebert, « Immigration et insertion urbaine en Floride : le rôle de la famille transnationale haïtienne », Revue européenne des migrations internationales, vol. 20 - n°3 | 2004

L’article analyse le rôle de la famille transnationale dans la dynamique migratoire haïtienne vers la Floride et dans l’insertion urbaine des immigrants. Dans le contexte d’une dépendance structurelle d’Haïti vis-à-vis des États-Unis, la Floride est devenue un pôle d’immigration majeur. La famille transnationale haïtienne, structurée par des liens solides et multiformes entre ses membres vivant en Floride et ceux restés en Haïti, reste à la base de cette dynamique migratoire.

Liliane Kuczynski, « Une mosquée en Martinique », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 151 | juillet-septembre 2010,

L’islam apparaît en Martinique à la fin des années soixante-dix. Les musulmans sont pour une bonne part d’origine étrangère, certains étant cependant installés dans l’île depuis plusieurs générations. Il faut y ajouter un nombre non négligeable de Martiniquais convertis. Le premier regroupement de ces musulmans a eu lieu sous l’impulsion d’un marabout charismatique. Dès les débuts, l’érection d’une mosquée a constitué un projet prioritaire. En 2010, ce bâtiment est en voie d’achèvement sans être encore fonctionnel. L’histoire de ce lieu est un bon analyseur du fonctionnement du groupe, des tensions et clivages qui sont nés en son sein, des questions d’héritage et de leadership qui s’y sont posées.

Guzmán, José Miguel, et al. « La démographie de l'Amérique latine et de la Caraïbe depuis 1950 », Population, vol. vol. 61, no. 5, 2006

Derrière une apparente unité, la région constituée de l’Amérique latine et de la Caraïbe présente une grande diversité, fruit d’une longue histoire de peuplement. La venue massive de migrants originaires d’Europe et d’Afrique lors du processus de colonisation a largement contribué au peuplement de la région, bien que la population du territoire ait décru lors des premiers contacts des migrants européens avec les civilisations amérindiennes.

Benoît, Catherine. « En Guyane, les apatrides de la France post-coloniale », Plein droit, vol. 118, no. 3, 2018

En vue de la création des communes en 1969 dans la partie sud de la Guyane, qui signe la fin du territoire de l’Inini, dès 1956, les populations amérindiennes et noires maronnes sont recensées, se voient assigner un état civil via la procédure des jugements déclaratifs de naissance et attribuer la nationalité française pour être intégrées au corps électoral. Elles sont ainsi rendues françaises, le plus souvent à leur insu, au point que certains Amérindiens finissent par rejeter la nationalité française qui leur a été octroyée. . Un chef de gendarmerie consigne alors que la France pourrait perdre des résidents amérindiens du Haut-Maroni en faveur du Suriname si les fonctionnaires français poursuivent leurs enquêtes pour l’attribution de la nationalité. Des ethnologues alors présents en Guyane s’insurgent contre cette attribution forcée de la nationalité à des populations qui se considèrent comme alliées de la nation française mais non comme citoyens français…

 

  • HAL - Archives ouvertes du CNRS

Benoît Bérard. " Nos ancêtres les Amérindiens ". La valorisation du patrimoine précolombien dans les Antilles Françaises. Havard G. et M. Augeron. Un continent en partage. Cinq siècles de rencontres entre Amérindiens et Français, Les Indes Savantes-Rivages des Xantons, pp.625-630, 2013

Les Antilles, lieu du premier contact entre Européens et Amérindiens, sont aujourd'hui un des centres majeurs du tourisme mondial. Il s'agit avant tout d'un tourisme balnéaire et de croisière. Cependant, la forte concurrence au niveau planétaire, et au sein même de l'archipel, a incité certaines îles à expérimenter d'autres formes de tourisme, en particulier le tourisme culturel. Dans les Antilles françaises le patrimoine amérindien, certes moins spectaculaire que celui présent dans les Grandes Antilles, a toutefois fait l'objet depuis les années 1930 d'une exploitation poussée, exceptionnelle même à l'échelle de l'archipel. Cette volonté de se présenter à autrui sous les traits d'un ancêtre aujourd'hui invisible ou quasi-invisible - l'Amérindien -, non seulement dans le paysage mais aussi dans les caractéristiques de la population, ne peut que surprendre. Faut-il voir dans la précocité de ce phénomène une conséquence lointaine des liens privilégiés qu'entretenaient Français et Amérindiens durant la période de contact ?

Anne Hublin. Cycles migratoires et habitats spontanés dans la Caraïbe. [Rapport de recherche],  585/89, Ministère de l'équipement, du logement, de l'aménagement du territoire et des transports / Bureau de la recherche architecturale (BRA); Ecole d'architecture de Paris-Villemin. 1989.

Cette étude analyse les rapports existants entre les mouvements des populations et l'habitat qu'elles construisent en Guyane française et aux Antilles. Elle comporte également une comparaison entre diverses formes de constitution de l'espace auto-construit. Ce projet de recherche thématique est fondé sur un important travail d'enquêtes menées sur le terrain, et vise aussi à constituer les éléments d'une connaissance fondamentale d'ordre théorique et méthodologique à partir des résultats particuliers de ces études de cas.

Michel Desse. Du désir d’île à l’installation, les circulations migratoires des Métropolitains à la Martinique. Etudes Caribéennes, Université des Antilles, 2007, Migrations, mobilités et constructions identitaires caribéennes.

Le lien entre migration et Antilles françaises est souvent traité en termes d’émigration insulaire. En effet, les flux les plus nombreux correspondent encore à ce mouvement centripète qui s’explique par une situation sociale tendue du fait de l’inadaptation entre l’offre de travail et les jeunes adultes en trop grand nombre. 2 Pourtant les mobilités venant de Métropole existent avec le retour des Antillais au pays, durant leur vie active ou pour leur retraite. Les Antilles attirent aussi les Métropolitains. La tertiairisation de l’économie, les investissements des grandes sociétés françaises ainsi que les dernières lois de défiscalisation ou celles concernant la création d’entreprises semblent confirmer le mouvement. Une situation explicable jusqu’aux années 1970 du fait de l’absence de qualification locale mais qui pose aujourd’hui problème…

Dimitri Béchacq. Maud Laëthier, Etre migrant et Haîtien en Guyane, Paris, Editions du CTHS. 2011, pp.185-188 [compte rendu]

Cet ouvrage restitue à partir d’une expérience ethnographique dense, interrogée par une réflexion anthropologique rigoureuse, une réalité peu étudiée : la migration haïtienne en Guyane. L’articulation entre ce phénomène qui a fait l’objet d’un travail de terrain de 2001 à 2006 et les configurations identitaires et sociales qui en sont à la fois le produit et le support, est traitée à travers une démarche dynamique en « envisageant une “situation migratoire” dans sa construction » (p. 15). Dès l’introduction, l’auteur propose une grille de lecture théorique et méthodologique permettant d’appréhender ces configurations comme un processus où se déploient les relations aux « autres mêmes », les Haïtiens, et aux « autres différents », les non-Haïtiens.

Isabelle Dubost. Au-delà de l'ethnicité : les "Chinois" à la Martinique. Terres d'Amérique, Karthala, 2007 (chapitre d’ouvrage)

Notre propos est de montrer comment ces " Chinois " qui investissent un secteur économique en plein développement, à savoir le commerce et la restauration, jouent la carte de l’invisibilité et de la discrétion vis-à-vis des autres Martiniquais. Bien loin de pratiques sociales repliées sur leur culture d’origine, susceptibles de mener à du communautarisme, les descendants des premiers migrants s’attribuent le statut de Martiniquais, ce qui leur est d’ailleurs reconnu, et n’ont en aucun cas constitué un groupe minoritaire revendiquant des particularismes et occupant un espace spécifique…

Michel Giraud, Isabelle Dubost, André Calmont, Justin Daniel, Didier Destouches, et al.. La Guadeloupe et la Martinique dans l'histoire française des migrations en régions de 1848 à nos jours. Hommes & migrations, Musée de l’histoire de l’immigration 2009, Histoire des immigrations. Panorama régional, II (1278), pp.174-197.

Entièrement constituées de populations immigrées, la Martinique et la Guadeloupe, où le phénomène migratoire a longtemps été une affaire d’Etat, ont été profondément marquées par l’esclavage….

 

  • Thèses.fr - Thèses en ligne (accès libre)

La mobilité professionnelle des Martiniquais dans la Caraïbe : Analyse de la situation, enjeux, propositions, par Philippe Boniface. Thèse de doctorat en Sciences de l'éducation, Université des Antilles, 2015

A l’aube du XXIème siècle, l’enjeu pour la Martinique est de construire un modèle de développement endogène qui nécessite son intégration dans la Caraïbe. Un consensus existe pour cette orientation, tant au niveau des acteurs économiques que des gouvernances locales et nationales. Mais qu’en pense la population ? Sur le plan diplomatique, cette orientation se concrétise par une adhésion progressive de la Martinique aux différentes organisations communautaires caribéennes en qualité de membre à part entière.

Les flux de langues en milieu urbain : espaces diglossiques vs espaces ditopiques : situation sociolinguistique de la ville de Fort-de-France, par Lorène Labridy. Thèse de doctorat en Sciences du langage, Université Rennes 2, 2009.

La Martinique, île carrefour de la Caraïbe, voit arriver chaque année sur son sol des milliers de migrants étrangers qui transitent ou s’installent. Son chef-lieu (puisque qu’il s’agit d’un département français) constitue la scène principale de ces importants déplacements, de par sa situation géographique – elle est située au centre de l’île – mais aussi de par son « statut de capitale ». Elle est aussi génératrice de migrations à l’intérieur de l’île : la ville est incontournable malgré un effort de décentralisation croissant. De ce fait, les langues en présence s’affrontent, s’entremêlent, cohabitent. Les langues des migrants s’ajoutent aux deux langues présentes sur le terrain, le français et le créole. Ils utiliseraient cette dernière comme un moyen d’intégration. Notre objectif principal est de dépasser la vision diglossique présente jusqu’à présent dans la littérature sociolinguistique. Nous cherchons à montrer qu’il existe une polyglossie, à l’intérieur du rapport diglossique français/créole, que les contacts de langues en milieu urbain favoriseraient.

 

  • Etudes Caribéennes (revue de l'UA en accès libre)

Cédric Audebert, « Le cadre politico-institutionnel des migrations antillaises : des dynamiques différenciées dans un contexte géopolitique segmenté », Études caribéennes [En ligne], 8 | Décembre 2007, mis en ligne le 15 décembre 2007

La construction historique des sociétés caribéennes est indissociable des mouvements migratoires séculaires qui les ont animées. Le cadre politico-juridique favorable aux migrations antillaises vers leur métropole rend compte de la vigueur des courants migratoires issus des territoires dépendants de la région ainsi que de leur orientation quasi-exclusive vers les métropoles. La problématique migratoire se pose en des termes différents concernant les territoires indépendants. L’analyse de trois populations caribéennes — les Portoricains, les Franco-antillais, les Haïtiens — interroge la particularité des contextes politico-institutionnels des sociétés d’origine en lien avec les modalités singulières de leur colonisation.

 

  • Manioc – Bibliothèque numérique Caraïbe-Amazonie (accès libre)

Penser les frontières et les appartenances depuis la Caraïbe et dans les Amériques, Haïti - République Dominicaine : La fabrique des apatrides. Vidéo. Interventions de Yerri Urban, Dimitri Béchacq et Myriam Moïse, séminaire du CRPLC, le 17 octobre 2016

Ce séminaire porte par définition sur la « non appartenance », il soulève ainsi la question de la production de l'apatridie. L'apatride selon l'article 1 de la convention des Nations Unies du 28 septembre 1954, est « une personne qu'aucun Etat ne reconnait comme son ressortissant par application de sa législation ». Une autre catégorie de l'apatridie, qui est distinguée par le rédacteur de la convention et qui fait l'objet de recommandation dans l'acte final, sont les apatridies de facto, qui concernent des personnes qui ont une nationalité sans effet ou qui sont incapable d'établir leur nationalité. Cette problématique de l'apatridie renvoie plus largement à un phénomène typiquement moderne qui remonte au XIXème siècle, c'est à dire l'importance que va prendre la notion de nationalité. Dans le cadre de ce séminaire, la question des déchéances de nationalité pour les personnes d'origine haïtienne en République Dominicaine se pose.

Les mémoires fragmentées de la migration : une histoire des Haïtiens en Guadeloupe. Vidéo. Intervention de Dimitri Béchacq. "Histoires orales alternatives dans la Caraïbe, 19ème-21ème siècles", Colloque de clôture - ANR ALTER, du 19 au 21 novembre 2018. Hôtel La Batelière – Martinique.

Cette intervention s'attachera à restituer les différentes étapes d'une recherche sur la migration haïtienne en Guadeloupe. Depuis les années 1970, la figure de l'étranger – le métropolitain, le Dominiquais, l'Haïtien – est posée comme la clef de voûte de la dramaturgie sociale et économique locale. Dans cette configuration, la figure générique de « l'Haïtien » occupe une place à part : elle repose sur une essentialisation de traits rendus spécifiques mais qui, dans ce contexte, renvoie à un profil socioprofessionnel, le travailleur agricole, majoritaire au tout début de cette présence haïtienne en Guadeloupe.